Elle ne savait pas ce que Brennan lui avait fait. Depuis son retour, depuis cette fameuse discussion qu'ils avaient eu, quelque chose bougeait chez elle. Elle était jeune, mais elle réalisait à quel point elle était allée très vite dans sa vie concernant certains aspects et beaucoup plus lentement concernant d'autres. Elle était allée très vite en carrière et il n'y a pas à douter qu'elle était parmi les plus jeunes responsables que le ministère n'ait jamais eu... Mais en ce qui concernait sa vie privée, c'était une catastrophe. Elle continuait à habiter dans cet appartement, certes charmant, mais néanmoins fait pour une vie de citadine, une vie solitaire. Alors prise d'une lubie, elle avait pris congé et s'était décidée. Après des longues journées à arpenter Londres dans une compagnie discutable, elle écrit à Brennan en lui donnant une adresse et lui demandant de l'y rejoindre s'il pouvait, mais qu'il n'y avait rien d'urgent.

Elle attendait dehors, espérant qu'il pourrait venir. Elle était nerveuse, mais en même temps, excitée comme une puce.

Se haussant encore un peu sur ses hauts talons, elle lui rendit son signe de la main. Elle était peut-être folle ou pour une fois trop impulsive, mais depuis que cette lubie l'avait prise ce matin, elle ne pouvait plus attendre de voir Brennan et de lui montrer sa découverte. Elle sautillait comme une enfant dans ce quartier résidentiel et lui prit la main en lui montrant devant elle.

"Tada, qu'Est-ce que tu en penses?"

Elle le tire pour se diriger à l'entrée de la maison. Car oui, la lubie de ce matin de Diana était qu'il lui fallait une maison à la hauteur de ce qu'elle voulait dans la vie, une maison spacieuse où elle aurait la place pour son chien et pour accueillir ses neveux et qu'ils puissent jouer dehors. Une belle maison, dans Londres, mais en même temps en dehors, qui la couperait du monde tout en l'y laissant au centre. Et elle avait eu un coup de cœur pour celle-c.

Elle secoua la tête en riant et le tira à l'intérieur, le faisant visiter et lui montrant toutes les pièces, ce n'est qu'une fois qu'ils furent dans le jardin qu'elle prit la peine de s'arrêter et de le regarder, commençant enfin à s'intégrer dans l'équation.

"Et tu vois, je me vois bien profiter des beaux jours dans un jardin comme celui-ci...." Elle se tourna vers lui et le regarda avec un très grand sourire. Il ne devinait probablement pas ce qui suivrait, mais ce n'était pas grave. L'effet de surprise était tout aussi bon à voir. "J'aimerais m'acheter cette maison..."

Elle ne savait pas comment il réagirait. D'ailleurs, il se demanderait probablement pourquoi elle ui avait demandé de venir, mais elle-même n'en était pas sûre. Elle savait simplement que dorénavant, elle ressentait le besoin de l'inclure dans toute grande décision de sa vie et l'achat d'une maison en faisait partie.

C'était Diana. S'il y avait une chose avec laquelle elle n'était pas douée, c'étaient les sentiments. Elle ne savait pas les gérer, ni eux ni les émotions, ni les envies, ni les élans. Elle n'était douée que pour les relations humaines qui nécessitaient de la manipulation et de la froideur. La communication, la chaleur et le consensus n'étaient pas des mots très connus dans le vocabulaire de celle qui, depuis l'école, était surnommée "la Reine des glaces". Bien sûr, elle savait qu'elle le surprendrait à prendre une décision de la sorte, mais elle voulait vraiment le faire, comme faire un pas en avant, faire un pas vers lui. Elle constata que le choix de ses mots n'était pas exactement ce qu'elle aurait espéré.

"Mais toi, elle te plaît? Est-ce que tu te verrais prendre le petit déjeuner ici?" Non, Diana ne savait pas communiquer et s'attendre à ce que les choses se passent comme dans tous les couples normaux relevait de l'utopie.

Il put voir son sourire s'agrandir progressivement lorsqu'il avoua trouver la maison belle, mais après vint ce qu'elle ne voulait pas. Elle le voyait, ce regard d'incompréhension qui ne lui était pas inconnu. Elle se sentait cruche et elle-même devait se poser la question de pourquoi elle faisait ça. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais prit quelques secondes pour réfléchir à ce qu'elle voulait vraiment dire, pour savoir où la menait vraiment la réflexion qui l'avait poussée à amener Brennan ici. Elle s'avança un peu, puis quitta ses hautes chaussures pour aller sur l'herbe, réfléchissant avec intensité. Elle lui tournait le dos, mais il la connaissait, donc il pouvait voir que dans sa tête, bien des choses carburaient.

"Hé bien, je suppose que c'est parce qu'à long terme..." Elle se racle la gorge. "Parce que tu fais partie de ma vie... Et qu'un jour..." Elle lui tournait toujours le dos, évidemment, mal à l'aise avec ce genre de discussions. Elle croisa ses bras sur sa poitrine, comme pour se protéger. "Un jour peut-être, toi et moi vivrons ensemble et..."

Elle eut un moment de doute lorsqu'elle ne l'entendit pas immédiatement répondre à ce qu'elle venait de dire. Elle se sentait comme une biche sous les feux d'une voiture. Elle était alerte à la moindre réaction. Elle avait sans arrêt peur d'avoir mal, peur de trop se dévoiler, sans arrêt peur de tout... Beaucoup de gens prenaient ça pour de la froideur, voire de la méchanceté, mais toute cette couche, c'était de la peur. Et rien ne la rendait pus fragile que d'être là en ce moment précis et avouer à Brennan qu'elle voyait sa vie avec lui, son futur avec lui. Elle fut rassurée de sentir son étreinte, ses bras l'envelopper, cette chaleur familière et cette odeur rassurante. Il le savait. D'une manière quelconque, ils avaient réussi tous les deux à se comprendre et il comprenait désormais à quel point il était difficile pour Diana d'être une de ces femmes amoureuses. L'entendre dire que la maison était parfaite la rassura et elle poussa un long soupir, desserrant les bras qu'elle avait noués en guise de barrière. Elle murmura en posant son front contre sa joue.

"Tu crois que Katarina l'aimera bien? Que nous devrions peut-être la lui montrer?"

C'était naïf et c'était idéaliste et c'était rêveur et c'était tout sauf la froide Diana. Il y a à peine quelques jours, Brennan lui avait demandé, sur un coup de tête, de l'épouser. C'était une proposition trop brûlante et trop spontanée pour elle, une situation, une promesse qui lui faisaient plus peur que quoi que ce soit. Une maison, elle pourrait la garder juste pour elle si ça cassait avec Brennan... Mais que ferait-elle d'une bague de fiançailles s'il partait à nouveau? Son coeur se serra et instinctivement, elle se colla un peu plus à lui, puis l'écouta parler de Katarina. Elle entendit pourtant l'hésitation dans la voix, le doute. Et malheureusement pour elle, elle n'était pas une optimiste et avait cette fâcheuse tendance à penser à toutes les mauvaises choses qui pourraient arriver plutôt qu'aux bonnes. Elle interpréta son hésitation et son doute comme un doute venant de lui et elle se détacha du coup un peu.

"Oui, tu as sans doute raison..." Elle s'éloigna et puis se tourna vers lui, le sourire cette fois plus de circonstance. "Je pense que je vais signer les papiers et procéder à quelques aménagements."

Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Cette carapace grandissait toujours toute seule autour de son coeur et ne laissait la place à personne pour la blesser. Elle ne savait si elle avait toujours été comme ça ou si c'était apparu plus tard. Brennan avait toujours été le centre de son système. Tout revenait à lui, à son visage, à son sourire, à son odeur. Elle était à 23 ans, bientôt 24, totalement obnubilée par l'homme qui était près d'elle en ce moment précis. Même alors qu'elle avait aimé et avait été heureuse avec un autre, il n'y avait que lui dans ses rêves, dans ses espoirs et ses pensées. Elle l'aimait par dessus tout et il n'y avait pas de doutes là-dessus. Pourtant cette sourde peur qui restait, comme s'il ne voudrait plus d'elle un jour. Elle le laissa l'attirer contre lui avec sa voix. Il la connaissait et avait depuis appris à lire dans son corps l'expression de ses nombreux doutes. Elle réfléchit à ce qu'il disait.

"Berlioz..." Elle dit doucement. "Tu dois être sûr... Si on fait quoi que ce soit ensemble, si on va avancer ensemble..." Elle se tourne pour le regarder et l'espace d'un instant, laissa tomber tout masque et il put voir le tourbillon d'émotions dans ses yeux gris. "Si on va avancer ensemble, tu dois être tout à fait sûr que c'est moi que tu veux, parce que je ne survivrai pas. Si tu pars encore une fois, je ne me relèverai pas." Il pouvait voir à quel point cela la faisait paniquer, rien que d'y penser, ce désespoir qui l'habitait rien qu'à l'idée et cette peur presque handicapante.

Tout ce qu'l disait, tous les mots qu'il prononçait résonnaient avec elle, ses sentiments et ce qu'elle était réellement. Elle se sentait aussi désespérée que lui, aussi perdue, aussi désemparée que lui. Ses mots la touchaient au plus profond de son être et elle ne pouvait supporter de le voir ainsi. Les larmes montaient également à ses yeux et sa voix risquait de sortir brisée et rauque. Alors elle fit la seule chose qu'elle pensait possible. La seule chose quelle pouvait faire pour lui, pour répondre, la seule bonne réponse, c'était de l'embrasser. Elle l'attrapa par la nuque et l'attira pour poser ses lèvres sur les siennes. Elle avait besoin de sentir sa douceur, s'imprégner de son odeur. Lui faire sentir qu'elle l'aimait, maintenant et pour toujours, qu'elle ne vivrait pas sans lui. Qu'elle ne ferait jamais rien sans lui. Elle l'embrassa avec passion, amour, tendresse et douceur. Elle l'embrassa à s'en faire tourner la tête et à ne plus pouvoir tenir debout. Elle s'accrochait à lui, mais ce n'était pas seulement pour tenir debout, mais aussi pour vivre. Elle avait besoin de lui pour toujours et tout ce qu'elle désirait, c'était de le lui faire sentir.

Elle détacha ses lèvres des siennes une fois qu'elle fût à bout de souffle et qu'elle n'eût d'autre choix pour sa survie. Elle garda son front contre le sien, les yeux fermés, reprenant ce qu'elle avait d'esprits, d'envie, de capacité de parole. Elle murmura simplement, des mots simples mais puissants. "Je t'aime tellement... Je t'aime tellement Brennan. Jamais plus je ne serai sans toi. Jamais plus je ne te quitterai et jamais plus j'aurai un autre homme que toi. Tu seras le dernier que j'aimerai et que je chérirai. Et c'est ici que je veux qu'on construise notre vie ensemble... Je vais acheter cette maison et je veux... Je veux que tu viennes vivre avec moi. Je ne veux plus de ces séparations le matin. Je veux te voir dormir quand je pars au travail et vous retrouver, Katarina et toi en rentrant. Je veux... Je te veux avec moi."