Elle se mit à accélérer quand il la rattrapa et rit légèrement en l'entendant et sentant les gouttes.

"Laissez moi deviner... vous étiez nul en divination!"

Les gouttes se faisaient vite plus nombreuses et bien plus grosses, l'orage était sur eux plus vite qu'ils ne l'espéraient. Et elle avait laissé sa baguette à l'école. Elle remarqua alors du coin de l'oeil que l'abro le plus proche était la cabane de Hagrid et le parc était trop dangereux pour être traversé ainsi alors que l'orage tombait.

"Professeur, la cabane!"

Elle était vide depuis bien des années, maintenant qu'Hagrid était parti avec Madame Maxime. Elle ne servait désormais que d'entrepot... Et d'abri pour ceux qui se trouvaient coincé à mi chemin entre le château et la forêt interdite. L'air de rien, ils l'atteignirent avec un timig parfait, après un petit sprint. Ils commençaient à être bien mouillés. Elle soupira, essoufflée.

Arrivant totalement trempé à la cabane d'Hagrid, Aedan ne put s'empêcher de rire...

Vous avez totalement raison... La divination n'était pas mon fort...

Il rit encore et se mit à observer la cabane, Hagrid lui manquait. Ne plus le voir dans le paysage faisait perdre un peu de substance à Poudlard... Secouant la tête comme pour ôter ses idées tristes de sa tête, il posa son regard sur Grace. Elle était totalement trempée, comme lui d'ailleurs... Cherchant alors sa baguette il se rendit compte qu'il n'avait pas cette dernière... Quel crétin... Bon avec la gueule de bois qu'il avait, il fallait si attendre...

Cherchant alors du regard quelque chose pouvant les aider, il trouva une couverture, la saisissant et s'approchant de Grace, il lui déposa sur les épaules.

Je suis navré, je n'ai pas ma baguette et donc nous allons devoir faire avec les moyens du bords et patienter que l'orage passe...

Elle prit la couverture en le remerciant d'un sourire.

"Hagrid avait une cheminée, non? A l'époque, je me souviens qu'on voyait la fumée s'échapper de la maison... Si on bouge quelques meubles, peut-être qu'on pourrait faire du feu?"

Elle ne releva même pas le fait qu'il avait oublié sa baguette.

"Mais comme vous le dites, sans baguette il faut faire avec ce qu'on a et j'ai également oublié la mienne..."

Elle s'approcha et commença à éloigner ce qui était contre le mur, dans l'espoir d'y trouver une cheminée où ils pourraient faire du feu.

Elle avait raison... Il se mit à la recherche de la cheminée d'Hagrid et une fois trouvée, il s'occupa d'alluper un feu. Un peu de bois, des parchemins défraichit et quelques allumettes et le tour fut vite joué...

Le feu ronronna rapidement dans l'antre de la cheminée et approchant ses mains comme pour se réchauffer, il les ota rapidement et entreprit de retirer sa chemise qui était totalement trempé... Mais garda le debardeur blanc qu'il avait en dessous... Oui il ne voulait pas la gêner... Et cela en révélé déjà assez sur lui. Effectivement on pouvait déjà ainsi voir son tatouage sur le haut de son bras droit...

Se tournant vers elle, d'un sourire poli il l'invita à s'approcher pour se réchauffer.

Elle fut rassurée de voir le feu crépiter dans la cheminée. La pluie avait commencé à tomber fort et de violentes bourrasques de vent faisaient craquer le bois de la charpente. Soudainement la nuit s'était abattue et en plus de la chaleur, le feu prodiguait une certaine lumière, très agréable.
Le professeur enleva alors sa chemis et malgré elle, elle se mit à l'observer. Il était beau... Sa musculature fine mais dessiné était agréable à regarder, même au travers d'un débardeur. Se rendait-il seulement compte que soudainement le coeur de la demoiselle avait accéléré? Elle posa son regard sur le tatouage et fut intriguée. Cela signifiait-il qu'il était dans l'ordre du phénix?

Elle fut surprise lorsqu'il se tourna vers elle avec ce sourire. Et elle rougit. Il l'avait probablement remarquée entrain de le fixer avec insistance. Elle s'approcha, la couverture sur ses épaules, mais ses habits aussi étaient trempes. Lentement, le coeur battant, un peu mal à l'aise, elle entreprit de déboutonner sa chemise à elle et se retrouva en soutien-gorge dans la pièce, quelques centièmes de seconde, juste le temps de remettre la couverture sur ses épaules. Sa jupe était moins gênante. Elle grimaça un peu, regardant ailleurs, gênée par sa propre tenue.

"J'espère que l'orage passera vite..." Mais c'était un espoir fou. Dans ce coin d'Ecosse, les orages duraient toute la nuit. Tant qu'à y être, ils pouvaient faire un peu connaissance, non? Enfin, sinon ils allaient passer une soirée atroce.

"C'est un beau tatouage que vous avez."

Lorsqu'il posa son regard sur elle, il se sentit étrangement tourmenté... Troublé et tourmenté...

Décidant de reporter son attention sur le feu, il répondit alors à sa remarque.

Merci! C'est un phoenix... Cela représente beaucoup pour moi... Une période de ma vie et un changement évident...

Il sourit tout en soupirant doucement... Oui un changement...

Elle s'assit face au feu, roulée en boule dans sa couverture et elle sourit au feu.

"Je me doutais bien que c'était un changement... Après tout c'est un oiseau qui renaît de ses cendres. Vous faisiez partie de l'ordre?"

Elle était curieuse de savoir. L'ordre lui avait sauvé la vie, mais était arrivé trop tard pour son frère. Elle faisait partie de ceux qui étaient en première année lorsque les Mangemorts ont attaqué Poudlard. Elle était la dernière génération qui gardait des souvenirs cuisants de l'attaque, de ces souvenirs qui ne s'en allaient pas et qui vous tourmentaient la nuit.

Effectivement... Je m'étais engagé activement dans l'ordre... Et cette bataille m'a coûté beaucoup...

Il soupira à nouveau longuement... Cette nuit il avait perdu bon nombre de ses amis... Il avait perdu également son père et une partie de soi... Qu'il ne récupérerait jamais. Cependant il se reprit et sourit alors à Grace...

Mais cette guerre à coûté beaucoup à énormement de monde... Et pour certains bien plus que moi. Donc je n'ai aucun droit à m'appitoyer sur mon sort.

Elle le regarda avec attention pendant qu'il parlait, comme si elle voulait lire à travers lui. Et comme il lui avait dit quelque chose d'intime, elle se sentait obligée de répondre en retour, de dire qu'il n'était pas le seul à avoir perdu ce soir là... Et qu'en ce moment même, il n'était pas le seul capable de s'ouvrir. D'ailleurs, elle soutint son regard, ce qui était rare. Il la faisait se sentir à l'aise.

"J'ai perdu mon frère..."

Elle se souvenait de cette bataille et de ce qui s'est passé dans les moindres détails.

"Parfois ça me fait bizarre... Quand je vois les élèves de première année, j'ai l'impression qu'ils ne réalisent pas tout ce qu'il s'est passé entre ces murs... Quand j'entends des remarques sur le sang ou même sur les maisons... ça ne fait que cinq ans et pourtant les gens semblent déjà oublier."

Il savait que la jeune fille avait perdu son frère. Il se souvenait de chaque noms. De tout les morts qu'il y avait eut cette nuit... Cependant il fut étonné de la voir s'ouvrir ainsi à lui...

Je suis réellement navré... Pour ton frère et pour le reste... Mais comment pouvons nous blâmer la nouvelle génération de ne pas avoir connu l'horreur et la mort comme nous avons pu la connaitre. Je pense que nous nous sommes battu pour que ces derniers vivent heureux et maintenant nous ne pourrons jamais supprimer totalement les préjugés et autres... Nous devons juste veiller... Veiller pour que l'avenir soit beau pour tout le monde...

Ce soir, pourquoi elle s'ouvrait autant? Peut-être parce qu'ils étaient enferés dans une cabane pour on ne sait encore combien d'heures, peut-être parce que de toutes manières elle était déjà à moitié nue et qu'elle n'était plus à ça près... Ou peut-être parce qu'il la troublait et en même temps la faisait se sentir à l'aise. Quelque chose lui dit qu'il savait déjà pour son frère. Ce que peu savaient, c'était que c'était son frère jumeau et que c'était ce qui l'avait ainsi changée à jamais... Depuis la mort de son frère, elle n'estimait même plus avoir le droit de vivre.

Elle écouta néanmoins les paroles du professeur avec attention.

"Bien sûr, que nous ferons de notre mieux, mais... C'est la manière dont ils en parlent parfois, de la guerre, de cette bataille. Ils étaient si jeunes. C'est vrai que j'ai envie de les préserver de ce malheur qui nous a tous frappés, mais je n'ai aps envie qu'on l'oublie... Pour eux tous, les noms de nos héros ne sont que ça, juste des noms... J'aimerais qu'ils sachent que derrière ces noms il y a quelqu'un, un être vivant, une histoire, souvent héroïque."

Elle soupira. Elle même n'avait pas pu rester de côté pendant la bataille. C'était partiellement à cause de ça que son frère avait été tué... Mais après la mort de son frère, elle était devenue hystérique et avait supplié qu'on la laisse aider. La petite fille avait passé la nuit entière à courir dans l'infirmerie, tentant d'apporter son soutien où elle pouvait.

Il comprenait pleinement son point de vue. Mais malheureusement même si il était d'accord sur le fait qu'il ne fallait pas oublier le passé, il était conscient du fait que pour des enfants de onze ans bien trop jeune pour s'en souvenir, il était parfois compliqué d'y porter attention et respect.

Il soupira longuement et souhaita avant toute chose ne devoir jamais affronter à nouveau une telle période...

Elle le regarda. C'était une conversation un peu compliquée. Elle sourit et, toujours dans sa couverture, alla vers son sac et en sortit sa guitare. La couverture ne cachait pas aussi bien qu'il le faudrait son corps, mais elle ne le réalisa pas. Elle sourit à Aedan.

"On pourrait penser à autre chose, quelque chose de plus joyeux, et reprendre les cours de guitare!"

Lorsqu'elle se leva, il ne put s'empêcher de poser son regard sur elle... Elle était magnifique... Secouant vivement la téte et soufflant un bon coup comme pour arrêter toutes pensées de ce genre envers elle, il ne put s'empêcher de se demander pourquoi il réagissait de la sorte en sa compagnie.

Lorsqu'elle proposa de penser à des choses un peu plus joyeuses il ne put qu'accepter... Et lorsqu'elle revint avec sa guitare et qu'il posa à nouveau son regard sur elle, il ne put que s'étrangler...

Euhhh!! Votre couverture... Dit-il d'une voix gênée tout en montrant la couverture... Effectivement celle-ci était tombée et dévoilée son épaule et sa poitrine naissante... Ce qui le troubla énormèment...

Elle ne réalisa que lorsqu'il le dit la manière dont sa couverture avait glissé et elle la remit prestement en place.

"Pardon, c'est pas super pratique..." Elle toucha sa chemise.

"Et c'est encore loin d'être sec..."

Elle rougit légèrement et regarda dehors. La pluie risquait de durer encore toute la nuit. Elle soupira et lui tendit sa guitare.

"Prenez la, je vous montrerai à nouveau..."

Elle sourit.

Il se râcla la gorge pour se remettre un peu de ses émotions et saisit la guitare lorsqu'elle lui tendit...

Essayant de se souvenir comment placer ses doigts, il se concentra totalement sur ce qu'il faisait afin d'oublier ce trouble qui le saisissait à chaque fois qu'il la regardait.

Elle s'approcha de lui et, gardant une main pour tenir la couverture, l'aida à placer ses doits sur la guitare et lui indiqua comment jouer en souriant.

Elle était chaque fois un peu troublée en touchant ses doigts, mais elle était sa prof pour le coup, alors elle voulait bien faire. Petit à petit, ils arrivaient à former les accords.

Il ne sut pourquoi mais ce contact lui fit comme un electrochoc... Elle était si proche de lui... Si proche, il avait tellement envie de l'embrasser et pendant une seconde il crut ne pas pouvoir lutter contre cette envie... Alors reprenant le dessus vis à vis de ces envies, il se détacha soudainement, se leva et souffla un bon coup...

Etait-il fou?!? C'était une élève, lui un prof... Bordelllll!!!!

Elle dut tomber un peu en arrière lorsqu'il se redressa si brusquement. Elle ne comprenait pas trop ce qu'il s'était passé.

"Professeur? Quelque chose ne va pas?"

Elle se demandait si elle avait fait quelque chose de faux et s'il lui en voulait pour quelque chose, elle le scrutait de ses grands yeux bleus. Pour une fois que quelqu'un l'aimait bien, elle se serait sentie mal s'il la rejetait... Très mal.

Ouiii!! Ce qu'il ne va pas c'est que je suis un idiot... Je...

Il se tourna alors vers elle et la regarda... Elle était tombée par sa faute, alors il s'approcha d'elle et lui tendit une main...

Tout va bien... Je suis juste un peu perturbé... Mais tout va bien...

Mais pourquoi donc lui faisait elle cet effet...

Elle prit sa main et se releva à l'aide de celle-ci, une main toujours serrée autour de sa couverture. Elle se sentait étrange, surtout si proches maintenant. Elle le regarda.

"Vous êtes vraiment sûr que tout va bien? Vous n'avez vraiment pas l'air..."

Elle s'inquiétait véritablement pour lui et doutait qu'il ait pu faire ça sans que ce soit quelque part sa responsabilité.

Il tenait encora sa main dans la sienne et leur proximité n'aidait en rien Aedan... Ses yeux étaient si envoutants...

C'est juste que vous me perturbez...

Les mots sortirent sans qu'il y réflechisse... C'était un idiot, un véritable idiot.

Elle était surprise. On ne lui avait jamais dit quelque chose comme ça... Et pourtant son coeur s'accéléra.

"Vous perturber? Il y a quelque chose que je fais faux professeur?"

Non!! Au contraire... C'est juste qu'il y a quelque chose en vous qui m'attire et plus je vous découvre plus ce sentiment étrange grandit en moi... Alors que je ne devrais pas. Je suis votre professeur, vous mon élève... Et je ne sais pas... C'est juste fou, je suis complétement embrouillé... Excusez moi!

Mon dieu que venait-il de faire?!? Elle allait hurler au loup, le prendre pour un fou... Il se détacha alors d'elle et recula de quelque pas comme pour éviter tout contact et ne pas faire une bétise...

Elle le regarda, un peu abasourdie par ce qu'elle entendait. C'était exactement ce qu'elle ressentait en elle... Exactement pareil et il s'éloignait. C'était peut-être la bonne chose à faire, elle n'était pas trop sûre de ce qu'on devait faire dans ces cas là. Mais contrairement à ce qu'il pensait, elle resta calme.

"Quelle solution suggérez-vous professeur, pour que nous ne ressentions plus ce que nous ressentons en ce moment?"