Du côté d'Ethan, tout allait bien. Certes, la période d'abstinence commençait à peser lourd sur lui et cela se ressentait un peu dans son comportement. A présent, chaque contact semblait l'électriser, alors il essayait de les éviter autant que possible. Ce qui n'était pas très difficile puisque c'était la fin de l'année et les comptes devaient être bouclés. Il passait très peu de temps chez lui et le peu de temps libre qu'il avait, il le passait avec Lulah.

Il vérifia que le four était à la bonne température et se redressa en soupirant. Il ne savait pas si elle était prête. En réalité, il ne savait pas exactement ce qu'ils attendaient. Enfin si, en quelque sorte. Il la sentait encore tellement fragile, avec si peu de confiance en elle. Il voulait qu'elle ait confiance en elle lorsqu'ils feraient l'amour pour la première fois, qu'elle sache qu'il l'aimait elle et pas une autre et qu'elle valait tout l'or du monde pour lui. Il lui semblait le rendre clair, mais pourtant il lisait toujours le doute dans ses yeux.

Il entendit la sonnette et s'assura que tout le reste était prêt avant de se diriger vers la porte et de lui ouvrir avec un grand sourire.

"Bonsoir, Lulah..." Il la prit et posa un baiser sur son front. "Je suis content de te voir enfin."

Il la laissa donc entrer et lui proposa de prendre son manteau, puisqu'il faisait encore froid dehors. Il prit son manteau et l'accrocha au porte manteau. Il avait senti que quelque chose n'allait pas, mais il espérait désespérément qu'elle le lui dirait d'elle-même. Il n'aimait pas la sentir triste, ou pas bien. Il l'aimait en forme, joyeuse.

"On a une demi-heure avant que le dîner soit prêt... Tu veux que je te serve un verre de vin, que je t'offre un apéritif?"

Il était près d'elle et penché vers elle, il était attiré vers elle comme vers un aimant. A défaut de l'embrasser, il prit une mèche de ses cheveux et l'enroula autour de ses doigts. Il la trouvait si belle, qu'il prit quelques instants pour l'observer en silence.

Il hocha la tête et prit une bonne bouteille de vin, qu'il sortit et dont il servit deux verres. Il lui sourit en levant son verre, penché sur le bar de l'autre côté d'elle, un peu vers elle. Il avait tellement envie de l'embrasser.

"A quoi buvons nous, très chère?"

Cette fois-ci, quelque chose n'allait clairement pas et si elle ne le crachait pastout de suite, cela allait leur gâcher la soirée. Il se demanda un instant si elle voulait le quitter. Peut-être en avait-elle marre d'être cachée? Son sourire disparut et il posa son verre, la regardant sérieusement, son regard tout autant ancré dans le sien.

"Quelque chose ne va pas? Tu as l'air tendue et on dirait que quelque chose te tracasse."

C'est ce qu'il trouvait de mieux à dire en ce moment. Il était toujours penché vers elle, mais à présent, un poids lourd était tombé sur son coeur.

Sa réaction le surprit encore une fois. A lui de lui dire? Qu'avait-il fait encore? Il avait passé ces dernières semaines enfermé dans son bureau, ou dans le bureau de ses clients. C'était à peine s'il avait pris le temps de s'occuper de se couper les cheveux le jour même, sans compter que même sa barbe était un désastre. Mais la suite le désarçonna encore plus et il voyait son désarroi, cette douleur, il ne supportait pas de la voir ainsi.

D'un mouvement rapide, il contourna le bar et la fit tourner sur le tabouret pour la regarder.

"D'où te vient une idée pareille?! Pourquoi est-ce que je voudrais rompre avec toi?! ça ne m'a pas traversé l'esprit ne serait-ce qu'une seconde!!"

Il ne comprennait rien, absolument rien du tout. Brennan? De quelle femme? Oooh, ça.... Il avait envie de rire, mais il vit les larmes remplir ses yeux et il sut que ce n'était pas le moment.

"Brennan... Je lui ai juste parlé de ma nouvelle secrétaire, en lui disant qu'avec le planning qu'elle me faisait, j'avais beaucoup plus de temps libre. Pourquoi à ton avis je me réjouissais d'avoir du temps libre, hein?!"

Il caressa sa joue et la força à le regarder dans les yeux.

"Pour voir la femme dont je suis amoureux. Et c'est ce que Brennan a sans doute vu. Il doit y avoir de ça et aussi du fait qu'il a toujours pas atterri d'avoir retrouvé Diana et qu'il veut que le monde entier soit dans une histoire d'amour aussi parfaite que la sienne!!"

Mais soudainement, il réalisa ce qu'elle avait dit? Son regard était soucieux alors qu'il caressait sa joue.

"Tu penses que tu ne m'attires pas? Sérieusement?"

Il écouta tout cela avec attention et ne put s'empêcher de la prendre tendrement dans ses bras dès qu'elle fermait les yeux. C'étaient tellement de malentendus, tellement de petits détails. La réalité, était que chaque fois qu'il la touchait, il avait l'impression de ne pas pouvoir s'arrêter. Que s'il posait ses lèvres sur les siennes, c'était pour ne plus les quitter.

Il colla son visage contre son torse et caressa ses cheveux en soufflant.

"Ce que je n'ose pas te dire, Lulah, c'est que..."

Il avala sa salive, comment dire ça sans paraître trop cru? Comment le dire sans enlever le romantisme?

"Je te désire comme un fou et j'ai de plus en plus de mal à être dans une pièce avec toi, à te toucher, à t'embrasser, sans mener la chose plus loin."

Il caressa sa joue et ses cheveux pour la calmer, la regardant dans les yeux avec autant d'amour qu'il le pouvait.

"Tallulah... Je veux que tu sois sûre de mon amour pour toi quand on le fera. Je veux que tu saches que l'homme qui sera dans tes bras est complètement fou amoureux de toi et que tu te rendes compte que tu l'enivres à chaque baiser et que chaque caresse l'envoie dans un autre monde!"

Il lâcha un petit rire et son regard devint légèrement plus triste.

"Pourtant, j'ai toujours l'impression que tu doutes. De toi, de moi, je ne sais pas... Mais je ne vois pas cette certitude quand tu me regardes, cette certitude qui dise: C'est mon petit-ami, il m'aime moi et personne d'autre. Il est à moi.... Non, ce que je vois dans ton regard, c'est: profitons tant qu'il est encore là, j'ai si peur qu'il parte, si peur de le perdre. Et je ne veux pas ça. Je ne veux pas faire l'amour avec toi en sachant que tu n'es jamais sûre et que tu auras peur que je partirai, même après ça."

Il avait fortement l'impression qu'elle n'avait toujours pas compris. Il soupira en l'entendant mais la laissa partir, restant là, sur le bar, à trouver une solution, coment lui faire comprendre. Lui sauter tout de suite dessus semblait être une solution, mais pas des plus apropriées non plus, cela ferait tellement forcé. Il préféra lui laisser un peu d'espace pour qu'elle respire et se calme, puis il retourna aux fourneaux.

Il ne savait pas quoi faire pour lui faire comprendre qu'il était fou d'elle, véritablement et que oui, il la désirait comme un petit fou.

Il ne répondit rien, mais l'observa longuement. Il sortit du four le canard qu'il était entrain de préparer, puis se dirigea vers elle. Alors qu'elle lui tournait le dos, il passa deux mains sur sa taille et colla son dos contre son torse.

"Est-ce qu'on se serait mal compris?" Il murmure lentement contre son oreille. "Est-ce que tout ce temps pendant lequel je pensais que tu doutais, j'étais en réalité celui qui causait tes doutes en te pensant trop fragile?"

Il caressse gentiment sa joue, s'en voulant maintenant de la faire se sentir ainsi. Vraiment, il voudrait ne jamais la blesser, ne jamais lui faire mal, qu'elle ne doute jamais, qu'elle sache qu'il est complètement fou d'elle.

"Pardon... Je te demande pardon, ça n'a jamais été mon intention." Il fit glisser sa main sur ses épaules, puis sur son bras, pour finir par prendre sa main et poser un baiser dessus. "En voulant te protéger, je t'ai blessée, et je n'ai pas d'excuses pour ça."

Il hocha la tête et abaissa sa main, reconnaissant de la patience dont elle fait preuve avec lui. Il garde cependant la main dans la sienne et sourit.

"Et si nous commencions par manger?"