J'étais un homme déterminé. Mais même la détermination ne semblait pas être suffisante pour me permettre de toucher enfin à mon but. Les routes étaient une catastrophes et où que j'aille, je ne voyais que des morts, des cadavres, de la pestilence... Parfois, je croisais des gens encore en vie, mais alors je partais rapidement, car je n'osais plus appeler ça de la vie. Dans mon monde de tous les jours, les êtres vivants n'avaient pas plus de vie dans les yeux que les morts, ni plus de hargne, ni plus d'envie. La plupart des gens se battaient pour leur survie par instinct. Ils savaient qu'ils devaient survivre et ils savaient qu'ils devaient continuer. Pourquoi? Cela en revanche, ils l'ignoraient. Moi aussi je l'ignorais. J'avais un but, mais une fois ce but atteint, à quoi me mènerait-il? Pouvais-je encore espérer que le gouvernement nous tirerait de là? Pouvais-je encore espérer qu'une cure serait découverte et que le monde redeviendrait comme avant?

Mais nous le savions, rien ne serait plus comme avant. Il n'y avait désormais plus de distinctions de races, plus de distinctions sociales. Il n'y avait qu'une majorité - les morts - et qu'une minorité - les vivants. La distinction ne tenait à pas grand chose au final, une morsure et quelques heures... Parfois quelques minutes si nous avions de la chance. Qui y aurait cru? Qui aurait pensé qu'un jour cela arriverait? On en faisait des films, on en écrivait des livres, sur ces fameux zombies. Mais pas un seul des auteurs n'aurait pu parier sur la survenance réelle de l'événement. J'avançais dans Indianapolis, ville inconnue, mais à laquelle je devais m'habituer. J'avais pris pour habitude de voler des cartes dans les premiers magasins que je trouvais en parcourant une ville. Je devais toujours tout traverser au plus vite. Arriver à Washington au plus vite. Cela ferait bientôt cinq ans... Cinq longues années que j'avais entamé ce périple en traversant les États-Unis, mais tout prenait trop de temps. S'arrêter pour manger prenait trop de temps, s'arrêter pour dormir, s'arrêter pour les éviter, courir pour les fuir.Tant de déconvenues, de fuites... Cinq ans, cela faisait qu'ils m'attendaient et je n'avais pas l'intention de les faire attendre une semaine de plus. Je devais atteindre Washington avant Noël de cette année. Je devais les voir vivants... Comme les vrais vivants. Encore une étincelle dans le regard et l'envie de vivre et de s'amuser. Comme la dernière fois que je les ai vus, si heureux et chaleureux.

En attendant, je devais encore traverser cette grande ville, trouver des provisions et poursuivre ma route. Peut-être quelque part trouverais-je le moyen de prendre une douche? Je savais mon visage couvert de boue et de sang. Personne n'y prêtait plus attention, pourtant, il le fallait. J'observais avc attention autour de moi, regardant chacun de mes pas, faisant attention à ne surtout pas marcher sur des débris qui feraient du bruit et attireraient l'attention sur moi. Il n'y avait personne. Personne aux fenêtres, personne dans la rue... Aussi contradictoire que cela puisse paraître, j'aspirais à entendre du bruit, des gens, les klaxons, les bouches d'égout. N'importe quoi, qui me ferait encore sentir que j'étais vivant. Je tournai dans une rue et vis une femme avancer de l'autre côté. Apparemment fatiguée et le regard aussi éteint que certains morts vivants. Mais je voyais qu'elle ne l'était pas. C'était juste une de ces survivantes, déjà morte à l'intérieur. Ce que je voyais surtout, c'était cette main qui se dégageait de la voiture qu'elle approchait, cette main qui allait l'attraper et qui sait, peut-être finir sa vie. D'un mouvement leste d'habitué, je mis la main au carquois qui se trouvait amarré à ma ceinture et bandai l'arc que je portais toujours à la main. Je le lâchai lorsque j'eus ma cible en vue: l'oeil de cette créature qui coûterait la vie à l'une des miennes. Car c'était ce dont il s'agissait maintenant. Tous les humains étaient des nôtres et il fallait les protéger. Qui sait, si un jour ils trouvent le remède à toute cette mascarade, peut-être trouveraient-ils également une manière d'insuffler de la vie dans le regard de ceux qui avaient tout perdu. En attendant, je m'approchai doucement de la jeune femme que je venais de sauver, l'arc à la main droite, l'index posé sur mes lèvres pour lui faire signe de ne pas faire de bruit.

Il ne voulait pas effrayer qui que ce soit. Il était conscient que les êtres humains avaient perdu leur humanité. Ils n'étaient plus que des bêtes de survie. Manger, boire, se reproduire, dormir. C'était l'instinct qui les régissait. Certains se laissaient aller à la violence, d'autres se laissaient aller à assouvir leurs désirs sexuels. Finalement, en une période apocalyptique, c'était à prévoir. Tout le monde allait réagir différemment et parfois, on avait envie de céder à toutes les pulsions. On avait envie d se dire que de toutes manières l'ordre n'existait plus dans cette société, alors qu'il n'y avait plus de raisons de se retenir. Mais il n'avait pas à se retenir. Il était un homme et conserverait son humanité, ce qui le différenciait des bêtes. La compassion, la solidarité, l'empathie. Il avait une flèche pour ces gens au même titre que pour un rôdeur. Mais ce n'était pas marqué sur son visage, si ce n'était dans son regard bleu perçant. Il restait un homme droit et il lut la peur dans le regard de la femme qu'il venait de sauver. Il posa son arc au sol et montra ses mains dégagées en approchant de lui.

Il marche très doucement dans sa direction, en espérant qu'elle ne tirerait pas. Une fois qu'il fût assez près, il murmura.

"Je suis Silas... Je viens du Kansas, je vais à Washington."

Il voyait qu'il avait à faire à une personne qui avait perdu espoir et qui n'avait pas envie de vivre. Une de ces personnes qui oubliait totalement pourquoi elle avançait mais avançait tout de même. Elle avait sans doute été jolie un jour. Elle avait sans doute été entraînante et pétillante. Que pouvait-elle faire? Toutes ces questions, je me les posais à chaque fois que je rencontrais une nouvelle personne. Comment faire autrement? On n'avait aucune idée des gens en face, de ce à quoi ils ressemblaient dans des circonstances normales. Elle avait l'air de se méfier de lui et elle avait raison. Lorsqu'elle rangea son arme, il se permit de ramasser son arc.

"Dans la direction où tu vas, il y a un troupeau coincé sous un bus. Si tu passes dans le coin." Il grimace. "La ville est dans un sale état, mais j'ai trouvé une route... Tu veux...?" Il lui indique le chemin à suivre. Le soir tomberait rapidement et il était hors de question de marcher la nuit avec ces rôdeurs. S'éclairer signifiait prendre le risque de les attirer, marcher signifiait prendre le risque de ne pas les voir.

Il est surpris par ses paroles, moins par ses gestes. Après tout, je lui proposais une solution plus qu'acceptable. J'avais de toutes manière ce chemin sur, et elle pouvait tout essayer, nier mon option, mais on eétait tous au même stastade. Pour gagner du temps ou de la sécurité, quel autre choix avions nous désormais que de nous faire confiance? Je me demandais parfois si ailleurs c'était plus tranquille. Si en Europe, à Hawaï, ils l'avaient plus tranquille. Sils avaient réussi à maîtriser l'épidémie et sauver les gens. Je me demandais aussi combien d'entre nous restaient ils. Je prirais et Je priais pour que les gens aient survécu partout. Je priais pour que lépidémie ait simplement étalé les gens hors des villes, mais je n'en savais rien. Je n'en saurais jamais rien. Calme, il hocha la tête.

"Il y a assez de morts autour de moi pour ne pas en vouloir d'autre. Et puis... sans vouloir te vexer, tu ne déclenches pas ce genre d'istincts chez moi... Veux tu manger et dormir cette nuit? Plutôt que continuer et être coincé la nuit tombée?"

Je ne répondis pas à son commentaire quant à la rouille. Je l'étais probablement plus que la jeune femme face à moi et me mis en route vers le centre de la ville, plus précisément vers le plus bel hôtel. Il ne disait plus rien. Libre à elle de parler ou non.

Je ne réalisai que trop tard que ce que je disais pouvait être mal interprété. Je voulais simplement dire qu'elle ne déclenchait pas ces pulsions chez moi comme en réalité aucune femme ne le faisait... Mais pourtant, certains pourraient comprendre que je visais elle et son apparence physique spécifiquement, ce qui n'était de loin pas mon intention. J'étais parfois maladroit dans ma manière de m'exprimer, et Dieu sait que je retournais ma langue dans ma boche avant de parler. J'avais ce talent pour ne jamais dire ce qu'il fallait, d'une certaine manière. Sa réaction ne se fit pas attendre et m'arracha un sourire en coin. Je continuai, pensif.

"Je ne saurais pas dire si c'est une âme ou une espèce de sens de la préservation."

J'appréciais le calme. Plus aucune personne n'avait de vraie conversation à haute voix. Tout devait se faire en silence ou alors en chuchotant, ce qui donnait à la vie en général une ambiance feutrée que je trouvais très agréable. Je n'avais jamais été une personne à apprécier le bruit. Bien au contraire, je me développais au mieux dans le calme et le silence... J'observai l'hôtel face à nous. Un lieu qui devait avoir été si beau, alors qu'il portait désormais les traces de désolation.

"Je propose que nous cherchions une suite... Qui aurait l'idée de chercher les chambres les plus chères et qui aurait eu le temps de monter si haut?"
Je m'avançai en faisant attention à où je marchais. "Mais je propose de fouiller d'abord le garde-manger?" Il la regarda, l'encourageant à le suivre.

C'était une habitude... Explorer les lieux, faire preuve d'autant de prudence que possible. Il était impossible de toujours prévoir d'où sortirait un danger. Ils marchaient et erraient, ils ne savaient pas eux-mêmes où ils allaient et peut-être même pas comment ils y allaient, mais ils le faisaient. À la manière d'animaux, ils sentaient leur proie et s'y dirigeaient en rampant ou en marchant... Je les détestais pour cet instinct aussi efficace qu'un chasseur, plus animal que nous mêmes l'étions, alors que Dieu seul savait comment ils avaient été conçus. La noirceur était devenue un cauchemar pour chaque être humain, car on ne savait ce qui pouvait s'y cacher. J'étais prudent et inconsciemment, je protégeais la femme qui se trouvait à mes côtés. Peut-être une nouvelle fois un certain instinct protecteur chez l'homme de protéger la femme. Pourtant, cela ne sembla pas être assez et j'entendis le bruit d'une chute de corps.

Je me retournai rapidement, tentant de l'attraper, mais c'était trop tard.Je l'entendis se débattre et vis le haut de son corps batailler. Je me dirigeai dans l'ombre et balançai mon pied à l'aveugle, qui sait ce que j'allais attraper. Je crus sentir le sternum sous mes mains et remontai, écrasant avec violence ma botte sur ce que je pensais être la tête. Une fois, deux fois, je le fis aussi vite et aussi fort que possible en quelques secondes. J'avais parfois l'impression que la vie se passait au ralenti, dans ces moments où pourtant j'aurais aimé que j'accélère. Grâce à l'épaisseur de mes bottes, je ne sentais rien à mon talon, et pourtant, j'entendais le bruit de craquement sous mes pieds, j'entendais les os qui se broyaient, le sang qui giclait, la cervelle qui se tournait en purée. Je m'arrêtai au bout de ce qui me semblait avoir duré plusieurs minutes et ne devait avoir duré pourtant que quelques secondes. Le corps sans vie devait être réellement sans vie à présent.

"Tu vas bien?" demandai-je, d'une voix rauque et pourtant calme, comme s'il ne s'était rien passé de semblable.

Je me contentai de hocher la tête et reprendre la marche, l'écoutant avec attention et avec un petit sourire. "Je crois que ces derniers temps, il ne sert à rien de parler de providence. Nous sauvons tous la vie de quelqu'un dès que nous le pouvons... C'est un sacré luxe ces jours." J'avais besoin de m'asseoir, de boire et de manger. Il n'y avait plus grand chose nulle part, mais ça valait la peine d'essayer. Il restait parfois des recoins que la dévastation n'avait pas encore atteint et malgré le délabrement de l'endroit, cela semblait être le cas là aussi. Nous arrivâmes enfin à ce que je cherchais, une cuisine tout équipée. Mon sourire s'agrandit et mon regard s'éclaira. Elle était en désordre, mais il avait l'air de rester des épices aux étagères, qui sait, peut-être qu'il restait des vivres. Je couru vers ce qui semblait être un garde manger et je l'ouvris. La vision me fit presque tomber.

Il y avait à manger. Bien sûr, aucun aliment frais, mais il restait du riz, des sauces et des légumes en conserve, de quoi faire un vrai repas. Peut-être pour la première fois depuis des semaines, je me sentis vraiment heureux et je me tournai vers la jeune femme à mes côtés. "Alors, miss inconnue, peut-être que nous pourrions faire un festin ce soir? Et puisque nous sommes deux, nous pourrions nous tourner et avoir une véritable nuit de sommeil?" Ce n'était pas correct de proposer cela à une inconnue, mais depuis quand nous souciions nous des conventions lorsque la fin du monde était arrivée? Nous avions besoin de manger et de dormir et peut-être qu'alors nous pourrions arriver sain et sauf chacun au but de son voyage. Ni une, ni deux, je m'avançai dans la petite salle pour sortir un sac de riz et une conserve de tomates. C'était un peu périmé, mais à ce stade, je crois que je n'en avais rien à faire.

Je vis son regard s'éclairer comme celui d'un enfant et j'eus envie de rire. Néanmoins, je me retins. Je savais que cela pouvait être mal pris, mais le sourire, le bonheur... C'était fou comme on prenait tout pour acquis et on oubliait à quel point il était parfois difficile d'acquérir ne serait-ce que les denrées les plus simples. Je n'aurais jamais cru qui que ce soit qui m'aurait dit un jour que je m'emporterais autant pour un simple bol de riz avec de la sauce tomate. Je me souvins des repas au restaurant, de ces plats fumats dont la simple vue procurait satisfaction... A présent, c'était encore pire, cela me procurait du bonheur pur et simple. Je souris en entendant le prénom de la jeune femme. Doux et angélique, il lui convenait à la perfection. Je hochai la tête et me mis en route avec elle, un grand sourire aux lèvres, ramassant ça et là des ustensiles et des ingrédients qui pourraient nous aider à égayer petit à petit nos journées et nos voyages.

Puis nous montâmes dans les étages. Nous entendions ça et là des bruits de zombies, mais nous réussîmes à les éviter, par chance. Je lui proposai de monter jusqu'au plus haut étage, dans l'espoir de toruver des pièces vides et plusieurs étages par lesquels fuir. La sécurité était détraquée et toutes les portes étaient déverrouillées. Je finis par entrer dans une très belle chambre, avec plein de meubles. C'était le plus important, pouvoir en avoir pour barricader la pièce. Je la regardai. "Allez vous laver, je cuisinerai pendant ce temps là." Je n'oublierai rien de ma galanterie, pas maintenant.

En plus de la baignoire, il restait un robinet en dehors de la salle de bains, dont il se servit pour remplir la casserole et allumer le rechaud qu'il baladait avec lui. Il put ainsi faire cuire le riz tant désiré. Je le regardais avec envie pendant qu'il cuisait. Cela faisait si longtemps. Lorsqu'il fut prêt, j'oouvris la boîte de conserve et en versai le contenu dedans. J'y trempai mon doigt, fermant les yeux à la douce volupté de cette sensation de goût. Je me relevai et décidai d'attendre un peu que la jeune femme revienne, histoire que nous puissions manger et que je puisse moi-même me doucher par la suite. Je regardai par la fenêtre en attendant, mais je remarquai vite qu'elle ne revenait pas. Après 30 minutes, je me dirigeai vers la salle de bains, dont je toquai doucement la porte.

"Seraphina?"

Je tendis l'oreille, inquiet. Nos corps nous jouaient bien des tours en ces périodes. Les nerfs, la fatigue, cette tension permanente que nous ne pouvions pas nous permettre de relâcher finissaient par nous rendre imprévisibles et incontrôlables. J'avais peur pour elle et lorsque j'entendis les petites plaintes, je n'hésitai pas à rentrer dans la salle de bains. Je ne voyais pas une femme nue en ce moment, mais uniquement une fille qui avait besoin de moi. Je la secouai doucement. "Seraphina... Seraphina, réveille toi!"

Je la soulevai pour la tirer de la baignoire en même temps que je faisais cela, espérant que cela la éveillerait assez pour qu'elle se rende compte de la situation dans laquelle elle se mettait. Pourtant il m semblait que tout le monde savait qu'on ne sendort pas dans une baignoire. J'attrapai la première serviette à porté de main et l'enroulai dedans, espérant qu'elle recouvrirait ses esprits.

Un cauchemar... Avec tout ceci, je n'étais même pas surpris de la voir réagir ainsi, de voir qui que ce soit fermer les yeux et partir dans un monde sombre et de douleur. C'était un cauchemar, mais malheureusement en ouvrant les yeux, nous ne trouvions pas grand chose d'autre. Le monde était devenu l'enfer et pour certaines personnes, c'était trop à gérer. Je ne savais pas ce qui me permettait de garder mes sens... Peut-être avais-je tout simplement encore une raison de vivre? Peut-être étais-je simplement depuis toujours capable de prendre le recul nécessaire que bien des gens ne savaient pas prendre. Je savais me détacher de ma propre vie et voir cela rationnellement... Du moins essayer. Je lui souris doucement en la lâchant.

"Il n'y a pas de quoi..." Je dis d'une voix douce. "Habillez vous et allons manger, le repas est prêt." Je quittai la salle de bains et allai servir deux assiettes de nourriture. Le monde était silencieux, trop silencieux. Alors que j'aspirais depuis si longtemps à ça, je me demandais comment était-ce possible que cela fasse aussi mal.

J'essayais sans arrêt de garder la forme. Ce n'était pas facile, vu les trajets que je devais faire sans arrêt, mais je me devais de rester fort, de garder la puissance pour briser des nuques d'une seule main s'il le fallait, je ne pouvais pas me permettre la faiblesse. A nouveau, sans doute était-ce le fait d'avoir un but qui m'aidait. Je gardais ma musculature, je l'entretenais, je m'entraînais moi-même. Avec les temps qui couraient, rien ne pouvait être laissé au hasard et certainement pas ma forme physique. Je pris mon assiette et commençai à manger, savourant quelques instants la chaleur qui se propageait dans mon œsophage grâce à cette nourriture qui me semblait venir d'une autre planète. Comme si la terre n'était plus capable de produire de bonnes choses après tout ce que nous subissions. J'hésitai brièvement lorsqu'elle me posa la question.

"Je dois aller retrouver ma famille... Et toi?"